Un mois d’informations nationales en faveur de ses abonnés : Le réseau Mtn sème la peur au sein des populations

«Pour vous remercier de votre fidélité, Mtn vous offre un mois d’abonnement gratuit à la rubrique infos nationales de Mtn-play. Plus d’infos au 111 ». Nombre d’abonnés du réseau Mtn ont reçu ce message sur leur portable en fin de la semaine écoulée. D’aucuns ont même positivement apprécié cette démarche des promoteurs de ce réseau mobile parce qu’elle se situe a priori dans la dynamique de satisfaire leur soif à l’information, leur soif d’être constamment au parfum de ce qui se passe dans leur pays. Seulement voilà : cette volonté d’informer est gravement hypothéquée par le manque de précautions qui l’entoure. En effet, lesdites informations que Mtn nous fournit, arrivent toujours en retard. Dans le jargon journalistique, on dit que « l’information est une denrée périssable ».

Le plus grave est qu’il y a de ces messages qui sèment la peur au sein des populations. Tenez pour vous en convaincre.  Le braquage survenu le lundi dernier à la frontière de Sèmè-Kraké fait partie des informations nationales que Mtn a choisies de divulguer. Mais le hic est que le message relatif à ce sanglant braquage n’est parvenu aux abonnés que le samedi 4 septembre 2010. Sans précision de date, il est balancé sur les portables, le message ci-après : « Sèmè Kraké : Echanges de tirs entre forces de l’ordre et braqueurs, à la frontière Bénin/Nigeria, a indiqué à Alerte Info, un témoin, sans plus de précisions… »  Du coup, tous ceux qui devraient se rendre au Nigeria ce samedi et même le dimanche et qui ont reçu ce message, ont été gagnés  par une peur bleue. Ils ont dû avorter leur voyage pour ne pas être victimes faciles des tueries qui font suite à des échanges de tirs entre malfrats et forces de l’ordre. Plusieurs personnes ont interpellé des responsables de la police nationale pour en savoir plus sur cet échange de tirs dont fait cas Mtn. Un parent nous a personnellement abordé pour demander si un nouveau braquage est survenu à Kraké samedi dernier.  Et tirant leçon du partage de l’information à retardement observé en outre par rapport à la sortie du Syntracef de Laurent Mètognon sur la disparition de Urbain Dangnivo puis celle relative au démenti de Rachidi Gbadamassi,  nous lui avons répondu que rien n’en est et que la situation est gérée au mieux par la police nationale et sa base positionnée à la frontière.

C’est le lieu d’attirer l’attention des responsables de Mtn sur le fait que l’information relative à la sécurité des biens et des personnes est suffisamment délicate et qu’il faille à l’avenir  prendre les précautions nécessaires avant de les divulguer.

On imagine l’état d’âme des forces de l’ordre, des autorités en charge de la sécurité nationale de lire un message qui, visiblement,  annonce le retour à la charge des assaillants, moins d’une semaine après leur premier coup alors que rien n’en est ! Une chose est de donner des informations, l’autre est de les placer dans leur contexte pour ne pas semer la zizanie au sein de l’opinion. Il ne coûte rien à Mtn de donner ses informations avec précision de date. L’Autorité transitoire de régulation des télécommunications serviraient à quelque chose sous le changement si elle s’autosaisit de ces cas là.

I.S.