Partenariat public-privé : Talon, un os dans la gorge de Yayi
Le chef de l’Etat a résilié le contrat entre le gouvernement et Bénin Control d’une part, et celui entre l’Etat et l’Aic d’autre part.
La société Benin Control Sa n’a plus le monopole du Programme de vérification (Pvi) au port de Cotonou. Il en est de même pour l’Association interprofessionnelle de coton (Aic) qui a perdu l’exclusivité de l’or blanc. Le port et le coton sont revenus dans le giron de l’Etat au détriment de Patrice Talon.
Le gouvernement et l’opérateur économique s’affrontent autour du coton de la campagne 2011-2012. L’Aic a enregistré 174 tonnes de coton au cours de la saison écoulée. Ce chiffre n’a pas reçu l’adhésion du régime qui se croit grugé dans le dossier cotonnier. Les producteurs en font les frais. La distribution des intrants de la campagne 2012-2013 aux paysans accuse un grand retard.
Mais pourquoi le pouvoir s’acharne-t-il contre Talon ? En 2006, élu président de la République, Yayi a collaboré avec cet homme d’affaire connu dans le coton. Certains tissus industriels de la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra) sont cédés à la Société de développement de coton (Sodeco) de Talon. Le partenariat public-privé ne souffre d’aucune insuffisance en son temps.
Mieux, le chef de l’Etat a dépouillé, en 2011, les disciples de saint Mathieu de leurs prérogatives douanières. Yayi a traités les douaniers de « voleurs » et de « gonflés » en confiant le Programme de vérification des importations (Pvi) à Benin Control Sa. Tout cela est du passé.
La mésentente entre Yayi et Talon est à son paroxysme au point où les présidents des institutions républicaines sont appelés au secours. Les présidents de la Cour constitutionnelle Robert Dossou, de la Haute cour de justice Théodore Holo, de la Cour suprême Ousmane Batoko, de l’Assemblée nationale Mathurin Nago, du Conseil économique et social Nicolas Adagbè et de la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication Théophile Nata ont rencontré Patrice Talon. « Ils ont demandé au président d’administration de Benin Control de s’excuser auprès du chef de l’Etat», a estimé Candide Azannaï. « Les présidents des institutions se sont transformés en médiateurs commerciaux», a ironisé Bruno Amoussou.
Cette rencontre particulière a étonné, en tout cas, plus d’un des Béninois. « La République a reçu Talon. », a caricaturé un citoyen. Ce qui veut dire que Talon n’est pas n’importe qui dans le pays. Le chef de l’Etat ne peut pas l’écarter d’emblée de tout, surtout du coton. En d’autres termes, Yayi et Talon sont condamnés à collaborer pour le développement de l’or blanc.
En matière de la promotion du coton, Talon reste une force incontournable. Il a fait ses expériences au pays et dans la sous-région, analysent certains observateurs. Mais le chef de l’exécutif a fermé les yeux pour résilier les contrats entre l’Etat et le richissime homme d’affaire. Le bras de fer Yayi-Talon va durer longtemps ?
Aziz IMOROU