Médiation pour le départ de Gbagbo du pouvoir en Côte d’Ivoire : La Cedeao met Yayi à rude épreuve

Publié le par L'informateur

La Communauté économique des Etats  de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a délégué, vendredi 24 décembre, trois chefs d’Etat du continent pour amener Laurent Gbagbo à céder le pouvoir à Alassane Ouattara, élu président de la Côte d’Ivoire. Il s’agit de Boni Yayi du Bénin, d’Ernest Koroma de la Sierra Leone et de Pedro Pires du Cap vert qui vont fouler, demain mardi 28 décembre, le sol ivoirien pour le dénouement de la crise politico-juridico électorale au pays de Félix Houphouët Boigny. Mais il n’est pas exagéré de dire que le docteur Boni Yayi est mis à rude épreuve à la veille de la présidentielle au Bénin.

En effet, la Cedeao ne  s’est pas trompé dans son choix pour plusieurs raisons. Seulement parce que le trio présidentiel (Boni Yayi, Ernest Koroma et Pedro Pires) est l’ami du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo. Et comme le dit l’adage, pour atteindre quelqu’un, il faut passer  par son meilleur ami. Jonathan Good Luck, président de la République fédérale du  Nigéria, et ses  pairs de la sous-région sont allés à l’école de cet adage africain. Ils  ont vu juste en choisissant cette pérestroïka africaine.

Mais le président de la République béninoise Boni Yayi, chef de file de la délégation, est mis à rude épreuve dans ce « chaos électoral » au pays de Félix Houphouët Boigny. Etant ami personnel de Laurent Gbagbo, le successeur du général Mathieu Kérékou n’a pas droit à l’erreur. Boni Yayi doit convaincre le successeur du général Robert Guéï à passer le témoin à Alassane Ouattara, l’élu du peuple ivoirien. Si le n°1 béninois échoue dans cette mission, ses pairs africains ne vont plus le prendre pour un démocrate bon tient. « La Communauté internationale risque de le classer aussi parmi les présidents africains qui confisquent le pouvoir contre la volonté de leur peuple. », estime un observateur de la Cedeao.    

En tout cas, tous les regards sont tournés, d’ores et déjà, vers le chef de l’Etat béninois. Une telle mission est un piège pour le docteur Boni Yayi.  Seulement parce que le Bénin organise la présidentielle en mars 2011. Et comme les « Houphouëtistes » se sont mobilisés contre Gbagbo, les « Kérékouïstes » se sont unis contre Yayi. Si l’ancien président de la Banque ouest africaine de développement (Boad) perd le pouvoir en mars prochain, comment  il va gérer une telle situation.  Le pionnier du « changement » est appelé à démentir l’opposition béninoise qui le prend pour un dictateur. L’échec de Boni Yayi dans la mission ivoirienne risque d’être considéré comme une complicité au régime « illégal » de Laurent Gbagbo.

En rappel,  le peuple ivoirien a élu, dimanche 28 novembre, Alassane  Ouattara président de la République. Il a obtenu plus 51 % des suffrages exprimés. Mais contre toute attente, avec la bénédiction du Conseil constitutionnel du président Paul Yao N’dré, Laurent Gbagbo battu aux élections s’est accroché au pouvoir. Ce qui n’a pas reçu l’adhésion des présidents de la Cedeao avec leur  tête Jonathan Good Luck du Nigéria. Sur ce, les 3 présidents sont envoyés en Côte d’Ivoire pour le respect de la volonté générale.

Somme toute, Boni Yayi du Bénin, Ernest Koroma de la Sierra Leone et Pedro Pires du Cap vert ont la lourde mission de convaincre Laurent Gbagbo à quitter les choses avant que les choses ne le quittent. Surtout, certains chefs d’Etat africains menacent d’user la force pour le faire partir.

Aziz IMOROU

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