Du changement à la dictature du développement : Les errements d’un gouvernement incapable de régler les problèmes sociaux

Publié le par L'informateur

Quand en 2006, le président Boni Yayi prenait le pouvoir, le peuple béninois, dans sa majorité, pensait avoir trouvé celui qu’il lui fallait après Nicéphore Dieudonné Soglo. Pour beaucoup, surtout ceux qui avaient estimé que le retour du Président Kaméléon, Mathieu Kérékou, était une erreur, qui a fait reculer le pays, le digne successeur d’Hercule était trouvé pour la relance du pays. Mais, aujourd’hui, l’espoir suscité par l’avènement du chantre du changement, puis de la refondation et maintenant de la dictature du développement a accouché d’une souris.

La plupart des Béninois qui ont encore la tête sur les épaules se refusent de continuer à faire confiance au gouvernement de leur pays. La crise socio-politique et économique actuelle a eu raison de leur engagement vis-à-vis du chantre du changement qui peine à trouver les solutions vraies et définitives à leurs problèmes quotidiens. Et pourtant, à la veille des élections de 2006 et aux lendemains de la victoire du président Boni Yayi, ils étaient nombreux à croire à la vertu du changement.

La jeunesse et l’espoir perdu du changement 

Les jeunes étaient sûrs que l’affairisme et le népotisme allaient cesser afin de leur permettre de s’insérer sans pot de vin dans le tissu socio-économique de leu pays. Pour eux, les choses allaient enfin changer et permettre aux meilleurs d’entre eux de faire parler leurs capacités. Mais, très tôt, les plus intègres ont déchanté. Rien n’a véritablement changé pour eux. Les plus habiles et souvent les moins probes se sont retrouvés en politique. Ils sont devenus les caisses de résonance d’un pouvoir qui peine à trouver ses et marques repères. Les autres comblés par le reversement qu’on fini par utiliser contre eux, sont devenus des bétails électoraux qui ont permis au chantre du changement de s’offrir un second mandat. Leur conscience et leur raison soulées par les effluves du changement et noyées par les arômes du reversement se réveillèrent trop tard. Les jeux étaient déjà faits.

Les femmes étaient certaines que maintenant le panier de la ménagère allait enfin pouvoir se remplir convenablement. Sous les assauts du changement, sous la perfusion des micro-crédits aux femmes, beaucoup troquaient leurs affaires contre le pagne blanc et les couvre-tête vert du changement. Au lieu de s’occuper de leurs affaires, elles paradaient aux chants du changement. Aujourd’hui, le constat amer dans les marchés est là. Rien ne marche. Le panier de la ménagère a pris de sérieux coups. Les femmes ne savent plus à quel docteur se vouer.

Dans le monde des affaires, rien n’est non plus viable. Les espoirs de changement se sont vite évanouis face à la guerre faite à certains d’entre eux. Le rêve de la sécurisation du monde des affaires a laissé place à un harcèlement fiscal qui fait fuir tous les hommes d’affaires nationaux. La Chambre du Commerce et d’Industrie du Bénin (Ccib) peine à trouver un remplaçant en raison de calculs politiciens. C’est la déconfiture à la veille des élections de 2011.

Et puis la refondation…

Le changement ayant montré ses limités déjà la veille des élections de 2011, on parla rapidement de refondation. Or, c’est la refondation qui a généré la crise dans le secteur de l’enseignement, le braquage des engrais et autres herbicides, le harcèlement fiscal des hommes d’affaires, la Ccib sans président, la succession de chef d’Etat major proches de leur retraite, une crise sociale prononcée. La prévarication et la pauvreté se sont installées. Les hommes d’affaires ne savent où donner de la tête. La jeunesse est perdue et déboussolée. Elle ne sait ce qu’on veut faire d’elle. Son avenir est sombre.

Echec des thérapies

La crise sociale et politique est installée. Les thérapies proposées par le docteur n’ont rien donné. La refondation a pris la place du changement sans succès. Déjà que le changement n’a pas été compris et évalué, il est difficile de savoir ce que revêt la refondation. C’est la guerre des terminologies. Le peuple s’y perd. Il ne voit aucune amélioration de sa vie. Au contraire, des emplois sont menacés au niveau de beaucoup de privés. Les solutions proposées pat le docteur semblent bien inefficaces devant les véritables problèmes des Béninois. Les nombreux fora organisés dans plusieurs domaines n’ont rien apporté de nouveau dans l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. C’est pourquoi beaucoup dont l’Union Nationale, des Syndicats et Travailleurs du Bénin (Unstb) refusent d’être encore embarqué dans une aventure sans lendemain.

La dictature de la démocratie du développement

Devant tant d’incertitudes et alors que les Béninois attendent qu’on leur propose autre chose, ils s’entendent dire que leur « bonheur sera fait contre leur volonté ». La dictature dans la démocratie ou la dictature du développement a fait son entrée.  C’est la preuve d’une rupture de dialogue et peut être le début de la pensée unique. Quand un gouvernement en vient là, c’est qu’il a perdu toutes ses options. Il sait qu’il n’a plus de solutions à proposer à son peuple. S’il pense que seule la force  peut l’aider à gouverner dans un Etat démocratique, c’est qu’il a déjà échoué.

De fait, la guerre de terminologies : changement, refondation, dictature dans la démocratie, la décision d’organisation de nouveaux forums, le manque d’engrais malgré le « braquage » ressemblent bien aux errements d’un gouvernement incapable de trouver et de proposer des solutions justes, vraies et définitives à son peuple. Le Bénin est en crise. C’est un secret de polichinelle. Tout ce qui se fait actuellement traduit donc les tâtonnements du gouvernement à cours d’idées et d’arguments pour sortir son pays de la crise.

José MANUEL

Publié dans Actualité

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