Suite à ses commentaires sur la jarre trouée : Les dignitaires d’Abomey exigent de Yayi des excuses sur la tombe du roi Ghézo

Publié le par L'informateur

Le bûcheron ne touche pas à tous les arbres de la forêt, enseigne l’adage. Cependant, le chef de l’Etat l’a fait en ouvrant la «calebasse» de Houégbédja à travers le galvaudage de la «jarre trouée» du roi Ghézo. Comme toute violation des principes royaux mérite une sanction, les dignitaires d’Abomey ont condamné, vendredi 26 novembre, Boni Yayi  à présenter des excuses publiques au peuple devant la mémoire de l’ex-roi de Dahomey. Une mission difficile pour le successeur du général Mathieu Kérékou.

En effet, réunis au palais privé de sa majesté Ghézo, les dignitaires et les notables d’Abomey s’en sont pris au président de la République qui a touché à l'intouchable  jarre symbolique de leur ancêtre. «Nous sommes réunis au palais privé de Ghézo pour protester vivement et énergiquement contre les propos du chef de l’Etat sur les chaînes de télévisions. Nous exigeons que le chef de l’Etat, en tant que digne fils du Bénin, retire ses propos et s’excuse devant la mémoire de notre ancêtre. Il doit venir le faire sur la tombe du roi Ghézo…», exige Dah Adjolohoun sans ambages. Selon le représentant des dignitaires, les us et les coutumes du puissant royaume du Bénin méritent un respect absolu. Personne n’ose toucher aux symboles respectables et respectés des rois de Dahomey depuis des siècles et des siècles. Sous n’importe quel prétexte, le successeur du général Mathieu Kérékou ne peut remettre en cause la philosophie de l’unité qui sous-tend la «jarre trouée» symbolique du roi développeur de l’agriculture dahoméenne.

Mais qu’est-ce qui fâche les descendants du roi Houégbadja (père fondateur du royaume de Dahomey) en particulier et le peuple béninois en général ? La déclaration malencontreuse de Boni Yayi lors du symposium du cinquantenaire de l’indépendance de l’Afrique au Bénin est l’origine de ce mécontentement.  «La jarre trouée. Mais qui a trouée la jarre ?... Est-ce même si tout le monde bouchait les trous avec la main, l’eau ne va pas couler ?…. d’une jarre trouée, on n’en a pas besoin…», ironise, vendredi 19 novembre, le président de la République à la rencontre du président rwandais Paul Kagamé au palais des congrès à Cotonou. Soutenant sa philosophie, le n°1 des Béninois préconise  qu’on en finisse avec une telle jarre. Il suggère qu’on casse la jarre trouée pour construire une nouvelle.  L’ancien président de la Banque ouest africaine de développement (Boad)  a fait cette proposition pour dénigrer le logo (la jarre trouée) de l’Union fait la nation (Un). Seulement, le chef de l’Etat a touché un emblème royal.  Avant d’être le logo de l’Un, la «jarre trouée» est le symbole de sa majesté Ghézo. La «vilaine» allégorie de l’homme du changement a suscité une vive contestation au sein des 12 lignées de la dynastie royale de la capitale historique du Bénin. 

En définitive, les dignitaires d’Abomey ne voulant pas cautionner une telle désacralisation de leurs us et coutumes ont exigé des excuses à l’homme de Tchaourou  qui a blasphémé la «jarre trouvée». Très jaloux des reliques ancestrales, les filles et les fils de Houégbadja souhaitent la réparation du tort à eux causé à la face du monde. Mais n’importe comment, l’histoire retiendra que Boni Yayi a ouvert la «calebasse» de Houégbadja restée fermée depuis des siècles et des siècles. Est-ce qu’il va se saisir de la perche des excuses à lui tendue afin de calmer la colère des divinités d’Abomey ? On ne touche pas impunément aux symboles des rois de Dahomey, estiment des observateurs cultuels.

Aziz IMOROU

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