Attaque contre les travailleurs : Le roi Agoli-Agbo jette le pavé dans la marre
Le roi d’Abomey a été reçu, samedi 23 juillet, en audience au palais de la République. Profitant de cette aubaine, Agoli-Agbo attaque les travailleurs qui sont en grève pour une augmentation salariale. Mais de quoi se mêle sa majesté ?
Un père, qui veut réconcilier ses enfants en crise ne prend pas position pour l’un au détriment de l’autre. Mais la position du souverain royal d’Abomey au sujet de la fronde sociale étonne plus d’un. Il soutient à visage découvert le gouvernement de la refondation en fustigeant le comportement des grévistes.
« En bas, il y a certainement quelqu’un qui les pousse. On a dit même au président qu’il est trop bon et qu’il en a toujours donné. Et les gens veulent en abuser. Nous n’avons pas de ressources de sous terre. Les travailleurs, qui sont en train de faire ça, le savent », s’indigne-t-il.
Mais quelle mouche a pu piquer Agoli-Agbo ? Tout en prenant position pour Boni Yayi, il désavoue les Agents permanents de l’Etat (Ape) sans détours. Le roi d’Abomey trouve qu’il y a une main invisible derrière le conflit de travail qui secoue le Bénin. Mais qui manipule les travailleurs pour leurs propres intérêts ? Il n’a pu nommer la personne.
Comme cela ne suffisait pas, le souverain royal s’en prend aux retraités syndicalistes. « Les travailleurs retraités sont encore syndicalistes. Vous voyez, dans les pays où on accepte tout ça là, cela amène des problèmes », poursuit sa majesté. Le roi parle comme le chef de l’Etat. Mais si des retraités sont dans le rang des syndicalistes, il en existe aussi au sein de la mouvance. «Je ne suis pas un retraité. Les retraités Albert Tévoédjrè, Moïse Mensah et consorts sont avec Boni Yayi », révèle le Sg/Csa-Bénin Dieudonné Lokossou.
En tout cas, le roi indique au successeur de Mathieu Kérékou le chemin à suivre. « Nous, on a dit au président de moins donner parce que sans ajustement nous ne pourrons pas aller loin. Nous savons que nos ressources sont très limitées. Combien de personnes paient encore d’impôts au Bénin ? Mais qui n’a pas travaillé n’a pas droit au salaire. Un syndicaliste, qui fait la grève, sait que c’est son syndicat qui lui paie le manque à gagner. Celui qui prend 120 mille francs, si on lui retire 20 mille francs, est-ce qu’il pourra aller encore au marché ? Et c’est ça qui va mettre fin au désordre », précise Agoli-Agbo.
Comme quoi, l’audience du roi d’Abomey à la présidence de la République a été d’une grande utilité pour Boni Yayi. Comme un «fonctionnaire» de la banque mondiale, Agoli-Agbo exige que les accords de Breton Woods soient respectés, dans le cadrage des partenaires au développement.
Aziz IMOROU