Présidentielle 2016 : Nago en quête de popularité
La présidentielle de 2016 sort le président de l’Assemblée nationale de son bureau. Mathurin Nago est, depuis peu, sur tous les fronts pour jouir d’une popularité auprès des populations.
En marge de la prochaine présidentielle, Mathurin Nago multiplie les opérations de charme en direction des électeurs. Même si le numéro 1 du parlement n’a pas annoncé sa candidature pour cette échéance électorale, il développe une stratégie de séduction des populations.
En effet, l’ancien ministre de l’enseignement supérieur a sillonné quelques arrondissements de Cotonou pour partager les activités parlementaires avec les électeurs. Ce n’est pas tout. Il a effectué une descente au Port autonome de la même ville. Un secteur considéré comme un réservoir électoral composé de milliers de dockers, de transitaires et d’autres acteurs portuaires. Mathurin Nago ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il s’est rendu encore à la prison civile de la capitale économique du Bénin en faisant des promesses aux détenus.
Mais qu’est-ce qui fait courir si tant Nago ? « … J’ai eu l’occasion d’échanger avec le chef de l’Etat et dans son esprit, c’est son deuxième et dernier mandat », a-t-il révélé au cours de l’une de ses sorties à Cotonou. Comme Boni Yayi n’est pas « candidat » à la présidentielle de 2016, la deuxième personnalité de l’Etat cherche à se positionner aussitôt sur l’échiquier politique national.
Là, Nago veut prendre une longueur d’avance sur ses challengers. La récente retraite des députés à Parakou s’inscrit dans ce schéma. Il n’est plus question de parler de ses descentes dans son fief électoral. Mathurin Nago met son autorité parlementaire dans la balance. « La bataille pour 2016 a commencé. », a dévoilé, sur Canal 3 Bénin, Candide Azannaï qui a une dent contre lui. Les sorties médiatiques du président de l’Assemblée nationale donnent, en tout cas, raison à l’ex-ministre de l’industrie qui a vu juste. Les proches du régime, prétendus dauphins de Yayi, ne perdent plus leur temps dans la perspective des joutes électorales à venir.
Nago méconnaît les velléités de Yayi
L’homme est ondoyant et divers, selon le philosophe français Voltaire. Le chef de l’Etat a qu’il est à son second et dernier quinquennat. Il l’a réaffirmé même devant le Pape Benoît XVI. Mais rien n’est plus sûr. Rien n’est moins sûr. Les actes de Yayi contrastent avec ses déclarations officielles. Il peut changer de décision à tout moment.
Ces déclarations officielles n’empêchent pas le président de la République d’être candidat pour un troisième mandat illégal ou légal. En son temps, les constitutionnalistes « corrompus » vont rivaliser d’ardeurs pour embobiner le peuple avec des interprétations colorées.
En Afrique, cette tricherie « constitutionnelle » fait son petit bonhomme de chemin. L’ex-président du Niger Mamadou Tandja a juré la main sur le Coran de respecter la Constitution de son pays. La suite, on la connaît. Le numéro 1 du Burkina Faso Blaise Compaoré est à son énième mandat présidentiel. Il en est de même pour le tchadien Idriss Deby Itno. Malgré tout, Abdoulaye Wade est allé au second tour de la présidentielle au Sénégal, pour un troisième mandat. La liste de ces exemples anti-démocratiques est longue dans le champ politique africain.
Le président béninois n’ira-t-il pas à l’école de ses homologues doyens ? Il est difficile de le dire. Si Boni Yayi renonce à ses velléités de réviser la Constitution, le peuple retrouvera son souffle. En attendant, Nago, qui y croit, continue son échauffement électoral.
Aziz IMOROU