Affaire Urbain Dangnivo : Du charlatanisme autour d’un cadavre

Publié le par L'informateur

La mise en scène du lundi dernier autour d’un corps exhumé à Womey laisse encore perplexe et peine à quitter de sitôt le centre des débats. On se surprend du charlatanisme, au sens propre et au sens figuré du terme, entretenu par le gouvernement du changement dans cette affaire de disparition d’un éminent cadre du ministère des finances, il y a 40 jours maintenant. Si l’on doit s’en tenir au tissu de contradictions divulgués lundi dernier à travers une déclaration faite à la presse par le ministre de la justice sur le macchabée exhumé le lundi passé  dans un bled de Womey, si l’on doit s’en tenir au message de condoléances émanant du Parquet près le Tribunal de première instance de 1ère classe de Cotonou, Pierre Urbain Dangnivo n’est plus de ce monde. Mieux, le corps qui a été déterré serait le sien. Et c’est autour de cette dépouille que le charlatanisme étatique a fait rage. D’abord à Womey.  C’est pour la première fois que l’on observe tant de sécurité autour d’un cadavre. Des forces de l’ordre armées jusqu’aux dents, ont interdit tout accès au lieu où a été découvert le présumé corps de Dangnivo. En Afrique, les morts sont chers pour leurs parents. Dans le cas d’espèce, les parents de Dangnivo n’ont pas eu la chance de couler, ne serait-ce que quelques larmes sur les dépouilles de leur illustre disparu. Les hommes des médias qui, sur les lieux de la découverte macabre, représentent les yeux et les oreilles des populations qui suivent comme du lait sur le feu ce dossier de disparition mystérieuse d’homme, n’ont pas eu le champ libre de faire le constat par eux-mêmes de ce qui a été embarqué dans un cercueil noir pour une destination inconnue. Tout le monde s’en tient aujourd’hui aux déclarations venant de l’Exécutif et de ses services après l’exhumation. Ici encore, le charlatanisme s’invite dans les deux sens.

Au sens figuré du terme, le ministre de la justice, Grégoire Akofodji  qui identifie, suivant les informations glanées sur les « excellentes pistes » que les enquêteurs ont empruntées, le principal meurtrier de Dangnivo qui serait un charlatan, plonge l’instant d’après plus d’un dans les ténèbres en parlant de test d’Adn que les spécialistes en la matière feront pour identifier le corps qui a été exhumé. Pourquoi ne s’est-il pas, au bénéfice du doute, abstenu de dire que c’est le corps de Dangnivo qui a été exhumé à Womey ?

Au sens propre du terme, le ministre Akofodji colle à la peau du disparu, une pratique du charlatanisme qui aurait mal tourné. Urbain Dangnivo serait un client d’un charlatan qui aurait organisé avec des complices non encore dévoilés son meurtre. Il évoque sans aucune autre précision qu’il s’agit d’une affaire de gros sous.

 

Ce n’est pas «urbain »

Comme si cela ne suffisait, le Procureur de la République Michèle O. Carrena Adossou se fend d’un communiqué qui confirme que c’est le corps de Urbain Dangnivo qui a été découvert à Womey. Elle présente par la même occasion les condoléances du Parquet à la famille de Dangnivo. Or, dans le même temps, le chef de l’Etat, de retour précipité de son périple dans les eaux en furie dans tout le pays, a reçu en audience, sur son invitation, l’Ambassadeur de la France, Hervé Besancenot pour solliciter l’expertise française en matière de test légiste. Du cafouillage au sommet de l’Etat somme toute ! Nous préférons la notion de charlatanisme pour rester coller à l’implication d’un charlatan dans ce dossier de disparition d’être humain qui cause la peur et l’hystérie dans tout le pays depuis peu. La démarche adoptée par le gouvernement dans ce dossier à travers le Garde des Sceaux et le Procureur de la République, est tout aussi mystérieuse que la disparition elle-même. Disons d’emblée que ce qui se passe autour du dossier de Urbain n’est pas urbain ; ce n’est pas non plus fin, ni sain, ni humain.

Ignace SOGLO

Publié dans Actualité

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